l'île est dans notre tête

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1. Retrospective, 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2. Retrospective, 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

3. Retrospective, 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

4. Retrospective, 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

5. Retrospective, 2005

C’était le 13 septembre 2015, je visitais alors la Slovak National Gallery à Bratislava.

Je passais de salle en salle, des choses m’interpellaient, d’autres moins comme dans toute exposition. J’entre alors dans une nouvelle salle. Sur la droite, sont accrochés au mur de nombreux petits écriteaux. Je m’avance pour mieux voir. Je réalise que ce sont des cartels, les mêmes que j’ai pu croiser accrochés non loin de chacune des œuvres depuis le début de ma visite. Je remarque que l’un de ces cartels est lui aussi mis un peu à côté des autres. J’imagine que ce doit être le cartel des autres cartels. Son titre est le suivant :

« Retrospective, 2005, Series of 50 gallery labels bearing titles of Ondák’s former works. »

C’est donc bien cela. L’œuvre s’appelle Retrospective et est composée de 50 cartels du même format et d’un graphisme en tout point similaire au cartel général de l’œuvre.

 

Nous sommes donc face à une série de 50 petits écriteaux alignés sur le mur en 10 colonnes de cinq, portant chacun un titre parmi 50 anciens projets de Roman Ondák.

Cette pièce apparaît alors comme la mise en place par l’artiste d’une rétrospective de son propre travail. Cependant, au lieu d’en présenter les œuvres physiques, il n’en révèle que leurs cartels. Le spectateur a donc, face à lui, l’ensemble du travail de Roman Ondák. Il peut suivre son évolution, ses changements ou encore ses thèmes de prédilection.

Au-delà de cet aspect qui possède à mon sens une part d’ironie, il semble qu’ici, l’intérêt réside essentiellement dans la marge d’imagination que l’artiste laisse au spectateur. En effet, soit le spectateur connaît déjà les œuvres auquel cas ces cartels sont comme une sorte de rappel, d’incitation à la réminiscence, soit elles lui sont inconnues et il est alors libre de se les représenter comme il l’entend.

Par exemple, le cartel : « Letter, 2003 - Text, stamp and signature on paper » est à la fois précis et évasif. On se représente facilement ce qu’est une lettre, mais caractériser le contenu de cette dernière revient à l’imagination du spectateur. Tandis qu’un cartel comme : « Awaiting enacted, 2003 - A 16 page newspaper filled entirely with pictures of people waiting in queues » est plus imagé, il nous donne des informations plus précises qui induisent une représentation plus claire de ce que pourrait être l’œuvre.

 

Dans ce travail, Roman Ondák joue avec les descriptions conventionnelles des œuvres ainsi que leurs supports d’information habituels, les cartels. Créés au départ comme des outils pratiques et nécessaires de communication des informations inhérentes aux œuvres à l’adresse des spectateurs, les cartels sont envisagés par Roman Ondák comme des amorces narratives. En effet, il exploite la capacité de cette catégorie des récits autorisés pour donner au spectateur toutes les informations d’une œuvre sans lui en fournir la forme. C’est précisément dans cette lacune que peut s’engouffrer le spectateur et ainsi imaginer la physicalité de chacune de ces œuvres.

roman ondák