l'île est dans notre tête

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1. Capture d’écran de la vidéo The city of silver statues, 2001

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2. Captures d’écran de la vidéo The city of silver statues, 2001

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

3. Capture d’écran de la vidéo The city of silver statues, 2001

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

3. Captures d’écran de la vidéo The city of silver statues, 2001

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

4. Captures d’écran de la vidéo The city of silver statues, 2001

The city of silver statues est une vidéo de cinq minutes, dans laquelle une voix-off féminine nous raconte une histoire. Visuellement, le spectateur ne peut apprécier qu’une image fixe durant les trois premières minutes, laquelle est suivie d’un simple écran blanc pendant le reste de la vidéo.

Cette voix-off, qui est celle de l’artiste, nous plonge dans une histoire qui semble personnelle puisque dite à la première personne du singulier.

Cette femme nous conte sa déambulation à travers sa ville natale et s’étonne de la disparition de l’odeur d’œuf pourri, qui avait toujours émané de l’usine de papier installée dans la ville. Elle évoque un projet de filtre à air qui aurait enfin abouti, débarrassant ainsi la ville de cette odeur due à la cuisson de la cellulose pour la fabrication du papier.

Elle continue de marcher en direction de sa maison familiale et s’interroge quant à l’absence d’êtres humains. Elle trouve cela étrange, mais juste un peu. La chose qui la rend le plus mal à l’aise c’est l’absence d’animaux, pas un chant d’oiseau ne vient déranger le silence qui pèse sur la ville. Elle arrive devant chez elle, ouvre la porte et appelle sa mère sans succès. Elle se précipite et monte les escaliers, ouvre la porte de la chambre de ses parents et est alors éblouie par une surface en métal. C’est en réalité la peau d’argent de ses parents qui l’a éblouie. Affolée, elle va interroger le voisinage et réalise que chaque être vivant était devenu une statue d’argent.

 

Cette première partie de la vidéo est matérialisée visuellement par une photographie de ce qui semble être une école. On y voit un vieux toboggan en métal rouge et jaune au premier plan ainsi que des bâtiments austères dont les fenêtres sont recouvertes de formes en papier représentant des sapins, bonhommes de neige ou flocons.

Cette photographie nous paraît d’abord fixe comme peut le laisser penser toute photographie. On n’y prête d’ailleurs pas vraiment attention, notre esprit étant concentré sur le récit proposé par la voix-off. Puis, sans comprendre pourquoi, un flocon disparaît. Quelques minutes plus tard, l’oiseau sur le toit est supprimé, puis c’est au tour d’une fissure dans le mur. Deux rideaux s’ajoutent aux fenêtres puis un autre flocon disparaît, ainsi de suite. On remarque petit à petit que la photographie change de manière infime, voire imperceptible. Ces variations sont peu nombreuses et interviennent de manière espacée. Lorsqu’on en voit une, on se alors met alors à scruter, à épier un autre changement, une autre disparition ou apparition. On remarque aussi que la photo, très claire au début voire presque saturée, s’assombrit au fur et à mesure qu’on progresse dans le récit.

 

Dans la deuxième partie, la vidéo se fond en un aplat blanc qui éblouit le spectateur au même titre que la surface de métal dans le récit de l’artiste. C’est dans cette deuxième partie qu’elle explique la raison, a priori scientifique, de la transformation des habitants de cette ville. En effet, le sang des êtres vivants se transformerait en argent à cause d’une mystérieuse molécule créée par les nouveaux filtres écologiques que l’usine de papier aurait installé.

 

« We still don’t know how this was possible, but we know for sure that the population of Cybyshock literaly turned into silver1. »

 

Elle nous donne de nombreux détails relatifs à l’action directe de cette molécule dans le corps des habitants et des animaux de la ville. Provoquant d’abord des pertes de mémoire et des troubles de l’orientation pour ensuite remplacer progressivement le sang par de l’argent. Ce dysfonctionnement occasionnait une mort certaine une fois les organes engorgés de ce métal. L’argent ressortait alors des pores de la peau, créant ainsi cette carapace argentée. La vidéo se finit avec la voix-off nous expliquant que ce phénomène est maintenant appelé Corium Argenteus, soit la peau d’argent.

 

Cette histoire qui, au départ, pourrait être perçue comme un conte ou une légende, est ensuite comme attestée par la voix-off dans la deuxième partie. La description précise de l’action exacte de la molécule sur le corps ainsi que l’emploi de mots scientifiques et même de termes latins nous laisse croire que cette histoire est peut-être vraie. Dès lors que quelque chose de mystérieux est partiellement expliqué scientifiquement, nous commençons à nous prendre au jeu, à nous laisser emporter par ce que la voix-off semble affirmer.

Par ailleurs, on ne s’explique pas du tout les micro changements dans la photo au début de la vidéo. Pourquoi l’artiste ajoute et enlève ces détails dans la photo ? Est-ce que ces modifications ont un sens ? Quel est le message ?

On cherche aussi à faire un lien entre cette image et la bande-son. Qu’est-ce que ce bâtiment ? Est-ce l’école de cette ville ? Y a-t-il un lien entre l’usine dont parle la voix-off et ces bâtiments ?

Cette page blanche, dans la deuxième partie du film, ne serait-elle pas comme un espace vierge propice à l’imagination ?

1. Traduction en français par mes soins : « Nous ne savons toujours pas comment cela a été possible, mais nous savons avec certitude que la population de Cybyshock s’est littéralement transformée en argent. » Extrait de la vidéo de HRUSKOVA Katarina, « The city of silver statues », Vimeo, (https ://vimeo.com/13908958, consulté le 15/12/16)

katarina hruskova